L’IA renouvelle le geste créatif comme jamais auparavant.
Vous trouverez ici une conférence du 26 janvier 2024 à Bibliothèque francophone multimédia de Limoges. Le conférencier, Hugues Dufour est diplômé de physique, du Conservatoire et de l’École nationale du jeu et des médias interactifs numériques (Enjmin);
Il est game designer, directeur créatif et scénariste. Il a composé différentes œuvres symphoniques et est l’auteur de plusieurs livres dont La civilisation virtuelle : Nouvel horizon du jeu vidéo (FYP éditions, 2018) et Le langage intégral : Théorie esthétique des nouvelles technologies (L’Harmattan, 2021).
Hugues Dufour revient sur ce qu’est l’IA, son évolution en terme d’accessibilité et d’usages, notamment des prix littéraires et artistiques gagnés pour des œuvres créées en totalité ou en partie par l’IA.
Les usages de l’IA
L’IA prolonge des processus déjà initiés auparavant. Les IA servent à se divertir, à calmer les angoisses et aussi à produire en série (à la suite de Warhol), à démocratiser la création (A Malraux). L’IA permet un accès direct à l’acte créatif , à industrialiser l’art. L’IA générative est prête à prendre le relais de ce qui a été initié par l’industrie au siècle dernier.
De nouveaux métiers apparaissent aujourd’hui comme les « prompts ingénieurs », spécialisés dans la façon dont on parle aux machines (façon d’écrire des requêtes)
« L’IA est une révolution car elle permet de mieux comprendre notre monde qui est complexe (…) »
Du talent à la création
Le conférencier distingue le talent du génie. Le talent requiert un savoir faire, le génie amène des idées nouvelles. Aujourd’hui les machines ont acquis le savoir faire.
Hugues Dufour met en avant « l’idée d’intention artistique » traduite par le « prompt »et qui permet au logiciel de s’exécuter.
« Les meilleurs prompts pour créer des images d’artistes sont des prompts d’artistes » Le génie artistique est toujours sollicité car la machine n’est pas autonome.
Deuxième distinction: créativité et création.
La créativité fait partie des données humaines fondamentale. Elle est à la portée de tous. Une machine peut se montrer créative.
La création est beaucoup plus complexe. Elle revient à faire des propositions qui peuvent changer le monde.
Les artistes qui ont bouleversé la culture sont plutôt rares dans l’histoire. L’IA ingurgite les connaissances et les reformule mais elle ne crée pas de nouvelles connaissances. à l’inverse de l’humain qui est capable de les créer.
Selon Hugues Dufour, si l’IA a un tel impact dans le monde contemporain c’est qu’il manque de repères fixes et stables.
L’IA est addictive car elle est capable de nous surprendre dans ses propositions et nous donner de l’inspiration
Le conférencier souligne toutefois un soucis dans l’incapacité à distinguer le vrai du faux qui est problématique.
L’IA et le monde artistique
L’IA artistique commence à gagner des concours: par exemple théâtre d’opéra spatial, Jason Allen en 2022, le 2e, le Vermeer vs Vermeer IA, ou encore le prix Goncourt japonais écrit en partie par chatGPT
L’IA inspire les artistes d’aujourd’hui par un dialogue avec la machine
On peut parler de bouleversement dans la création artistique puisque les mots occupent à présent une place à priori c’est-à-dire avant la création. Là où l’intuition avait sa place: auparavant les mots arrivaient en aval c’est-à-dire dans l’interprétation.
L’IA est régie par des processus opaques: personne n’est en capacité de dire comment elle procède réellement à part les itérations et le fonctionnement en essais et erreurs.
Une question importante aussi est celle de l’appartenance de ces technologies à de grandes entreprises privées aussi puissantes que des états (ex: open AI, Microsoft). IA act a été mis en place en décembre 2023 par la commission européenne. C’est une « sorte de RGPD pour l’IA », utopique selon le conférencier au regard de la marche du progrès. Selon Hugues Dufour, l’IA sera une étape supplémentaire dans la démocratisation de l’accès à l’art.
