Quel rapport l’art entretient-il avec l’IA?
« Théâtre d’opéra spatial » est la première œuvre d’art créée par une IA ayant remportée un prix. Elle a été réalisé par Jason Allen grâce à l’application Midjourney. Imprimée sur une toile et exposée au concours d’art du Colorado. Le 29 aout 2022, les jurés lui ont décerné le premier prix dans la catégorie « art numérique ». L’œuvre suscite un débat sur la paternité de Jason Allen.
La journaliste analyse la composition de l’œuvre et souligne l’absence de détails réellement identifiables. L’artiste a utilisé un « prompt » permettant à l’application de piocher dans sa base de données. L’œuvre s’apparenterait à une esthétique baroque et renaissance.
Le prix attribué à Jason Allen a été vivement critiqué et discuté. Jason Allen est le directeur d’une entreprise de jeux de société du Colorado. Il assume pleinement son œuvre créée après un mois de travail sur l’application et en souligne la portée sur son imaginaire et sa créativité.
Dans une interview il explique globalement comment il a développé le prompt ayant généré le tableau. Il prétend avoir travaillé plus de 80 heures pour arriver au prompt définitif. Puis, après l’avoir trouvé, il l’a exécuté plusieurs centaines de fois. De toutes ces images, il en a choisi 3 et les a téléchargées sur photoshop. Il ne partagera jamais son prompt qu’il qualifie de précieux. Il n’avait jamais participer à un concours d’art auparavant.
Il avait conscience de vouloir prouver quelque chose mais ne s’attendait pas à une telle controverse.
L’historien de l’art Paul Ardenne analyse l’œuvre de Jason Allen et le débat qu’elle a provoqué. Selon lui, l’Œuvre est issue d’une IA nourrie très probablement par la peinture européenne du 19ème siècle. P. Ardenne y reconnaît la sacre de Napoléon de JL David, et des effets plastiques communs à Gustave Moreau dans son œuvre l’apparition. Il souligne les dimensions spectaculaire et imaginaire.
L’artiste produit paradoxalement une œuvre assez classique avec des moyens techniques qui devraient conduire à « des années lumières de l’art conventionnel ».
La question de la paternité de ce genre d’œuvre (humain ou machine) est une fausse question puisque le procédé n’a rien de nouveau surtout si c’est inscrit dans l’histoire de l’art technologique. Avant l’IA, Jean Tinguely par exemple a cherché à faire peindre des toiles à des machines (méta matix) ; a existé aussi l’art fractal dans les années 80 fait avec des ordinateurs. L’historien d’art note la continuité d’un lien fécond entre les arts plastiques et la technologie.
Dans l’art actuel, c’est la pertinence du projet artistique qui est valorisé plus que la réalisation technique.
La controverse traduit plutôt une peur des humains vis-à-vis des machines.
